Si les Grecs ont l’Acropole… la nutrition a ses acronymes pour quantifier et objectiver nos besoins alimentaires.
VNR, AJR, DJM, AQR, RPN sont les plus fréquemment rencontrés dans l’étiquetage des produits.
Dans cet article, nous vous proposons une petite synthèse pour mieux comprendre leur utilité et leurs limites.
ANR, VNR, AQR, DJM, A quoi servent-ils ?
Dans la pratique on cherche toujours à définir les besoins pour chaque nutriment selon 3 concepts principaux :
- Le niveau minimal qui permet d’éviter les carences, la dénutrition ou la croissance altérée.
- Le niveau maximal quotidien au-delà duquel des effets négatifs peuvent être observés.
- La plage d’apports optimaux.
La réalité rend ces estimations assez complexes car les facteurs de variation des besoins sont multiples :
- Age
- Morphologie
- Génétique
- Sexe etc.
Pour effectuer ce travail nécessaire et utile, il existe en Europe une structure dédiée à ces recherches : l’EFSA (autorité Européenne de la sécurité alimentaire) qui est une des institutions de référence mondiale.
L’EFSA et la définition des VNR (valeurs nutritionnelles de référence)
Depuis 2005, l’EFSA précise et harmonise les besoins alimentaires, nutriment par nutriment, pour les différentes catégories d’âges. La référence centrale étant « l’adulte en bonne santé ».
Ces études utilisent l’ensemble des résultats scientifiques disponibles (expérimentations, méta études, enquêtes de consommation etc.) et aboutissent à la définition des VNR (Valeurs nutritionnelles de Référence) exprimées en termes de besoins quotidiens.
Ces VNR sont donc précisées pour les différents âges et sont associés à des sous catégories comme :
- Les besoins nutritionnels moyens (BM)
- Les Références Nutritionnelles pour la Population (RNP)
- Les Limite supérieure de Sécurité (LSS) qui concernent principalement les micronutriments (vitamines et minéraux) et établissent les seuils quotidiens à ne pas dépasser. *
* A noter que la vitamine B12 fait partie des rares vitamines pour lesquelles aucun niveau maximal n’est fixé.
A qui s’adressent les VNR fixés par l’EFSA ?
Les rapports de l’EFSA ont le mérite d’être complets et exhaustifs mais ne sont pas destinés au grand public (sauf à accompagner chaque produit alimentaire d’un livret d’une dizaine de page !).
Ce sont avant tout des documents de travail pour les professionnels et les législateurs.
Les VNR sont donc, pour chaque nutriment, une synthèse objective des informations à propos des besoins minimums, maximums, moyens et pour les différentes catégories de personnes.
Les ANC : la référence pour les consommateurs français
En France, les VNR de l’EFSA sont utilisées comme base de travail par l’ANSES (Agence Nationale de Sécurité Sanitaire) pour la définition des normes d’étiquetage des aliments et des ANC (Apports Nutritionnels Conseillés).
Ces VNR sont également utilisées pour définir les DJM (doses journalières maximales) : concept particulièrement important pour les compléments alimentaires (même si certains seuils définis restent très discutables, voir le cas de l’Iode ci-dessous)
En Europe et en France, les besoins nutritionnels sont donc étudiés de façon approfondie et scientifique, avec l’objectif principal de garantir une sécurité maximale pour éviter carences ou surdosages.
On constate d’ailleurs une grande convergence des résultats avec les autres institutions (nord-américaines notamment) qui travaillent ces questions, à quelques détails près.
Les limites principales de ces valeurs
1. Les ANC ne sont pas une limite maximale à ne pas dépasser
Comme évoqué ci-dessus les besoins optimaux évoluent dans une plage relativement large : l’ANC donne une valeur conseillée par commodité mais il n’y a jamais de risque à être ‘un peu au-dessus’ de ces apports, tant que cela reste en deçà de la « DJM ».
C’est particulièrement vrai pour toutes les catégories de personnes ayant des besoins nutritionnels accrus* qui font l’objet d’études moins approfondies :
- Seniors
- Jeunes en croissance
- Sportifs etc.
*A l’exception des femmes enceintes dont les besoins sont supérieurs à la moyenne mais de mieux en mieux pris en compte)
C’est également le cas des apports de vitamine B12 (encore elle) pour lesquels l’ANC est reconnue beaucoup trop faible (2.5µg /jour) particulièrement pour les régimes végétaux : des apports quotidiens de 10 µg/jour sont considérés plus sécurisants.
En France, les recommandations pour l’Iode sont également paradoxales car la dose quotidienne recommandée est égale à la Dose maximale (150µg), ce qui n’est évidemment pas réaliste : il y a donc toujours des ajustements qui restent à faire.
2. L’absorption réelle des nutriments
La dernière limite et non des moindres concerne l’absorption* réelle des nutriments et cela concerne en particulier les vitamines et minéraux essentiels.
Même si les VNR et ANC prennent en compte un pourcentage d’absorption moyen de chaque nutriment, cette absorption reste très variable et sous l’influence de facteurs parfois difficiles à appréhender.
Dans les faits, l’absorption réelle d’un nutriment dépasse rarement 50% de la dose mais peut aussi se situer à des niveaux très inférieurs.
Ces variations importantes peuvent être liées à :
- La forme moléculaire
- La présence ou non d’autres ‘facilitateurs’ d’absorption
- A l’individu
- Certains médicaments (la metformine utilisée dans le traitement du diabète de type 2 interfère sur l’absorption de la vitamine B12).
L’absorption du Fer par exemple, varie de moins de 5 à 20% en fonction des conditions annexes de sa prise :
- Origine du Fer
- Association avec des boosters ou non
- Présence d’inhibiteurs etc.
Pour déterminer L’ANC du Fer, une absorption moyenne de 10% a été retenue.
L’ANC est de 15 mg par jour pour des besoins de Fer absorbé de 1.5 mg/jour environ.
Le fait d’ingérer suffisamment de Fer ne garantit pas forcément de couvrir ses besoins, c’est notamment le cas avec le Fer des végétaux, très faiblement absorbé, raison pour laquelle notre formule Argalys Fer est renforcée en boosters d’absorption comme la vitamine C et la pro vitamine A.
* l’absorption désigne la partie réellement utile à l’organisme : la part de la quantité ingérée qui n’est pas rejetée dans les selles ou dans l’urine mais qui passe dans le sang.
En conclusion
Les VNR et ANC sont de bonnes références pour définir les apports quotidiens et les besoins nutritionnels sont définis avec sérieux, au mieux des connaissances actuelles, et par des experts indépendants.
La plage optimale des apports de micronutriments reste néanmoins importante ‘ autour’ des ANC.
Il est vraisemblable que des précisions soient encore apportées pour les besoins des Seniors et autres catégories particulières et également fonction des progrès de la connaissance concernant les facteurs de variation de l’absorption réelle des micronutriments.
Sources :
- https://www.efsa.europa.eu/fr/topics/topic/dietary-reference-values
- http://pp-aprifel.ecritel.net/page-allegations-anc-bnm-vnr-definitions,80.html
- https://fr.wikipedia.org/wiki/Apports_nutritionnels_conseill%C3%A9s#cite_note-1